Avi Mograbi

Avi Mograbi
       Aujourd’hui je vais vous parler du Nanni Moretti ou du Michael Moore israélien, comme il est souvent présenté : Avi Mograbi ! 
       Je l’ai découvert l’an dernier à l’occasion d’une exposition, The Details, qui présentait pour la première fois en France, ses longs et courts métrages à la Galerie Art & Essai (Rennes). Hormis le fait que l’installation se prêtait très bien au propos, j’ai beaucoup aimé le travail même de ce cinéaste.
       Mograbi est né en 1956 à Tel Aviv, il rompt très tôt avec la position sioniste de sa famille. Il refuse de faire son service militaire lors de la guerre au Liban, ce qui lui a valu quelques jours en prison. Il a fait des études d’art et de philosophie. C’est avec le cinéma qu’il trouve son médium d’expression.
       Ses films sont des docu-fictions, où se mêle le burlesque à la réalité. Il joue parfois son propre rôle, souvent sous forme de journal intime. La mise en scène sème le trouble sur la réalité des propos, et le faux devient indiscernable du vrai. Ce que j’aime en plus de ce mélange des genres, c’est qu’il aborde le conflit israélo-palestinien d’un point de vue totalement différent de celui des médias. Il révèle la violence et l’absurdité de l’armée israélienne à travers des scènes quotidiennes, des faits divers (Août, avant l'explosion, 2001) ou avec le témoignage d’un ancien soldat qui a pris plaisir à tuer (Z32, 2008). Je vous conseille vraiment de visionner ses films pour comprendre comment il procède et comment il parle de son propre pays. C’est impressionnant de constater qu’il peut nous donner le sourire sur un sujet si grave, mais ce n’est pas le cas avec tous les films. J’ai dévoré l’intégralité de sa filmographie !
Août, avant l'explosion, 2001
       Avec ses réalisations, Avi Mograbi n’a pas pour but de faire changer les choses. Il a conscience que même un succès ne fera rien (Valse avec Bachir (2008) a seulement suscité un débat sur les techniques d’animation !). Mais l'humour et l'auto-dérision sont, chez lui, des ingrédients qui mettent en relief d'autres aspects de la situation israélo-palestinienne. 
       Je ne veux pas rendre glauque votre fin de semaine, mais en parallèle de cette exposition, des films ont été projetés, notamment Il y a tant de choses encore à raconter d’Omar Amiralay, film documentaire choisi par Mograbi lui-même, qui est encore plus bouleversant.
       N’attendez plus pour partager votre opinion sur ce sujet !

DVD: Avi Mograbi, 4 films, Arte Vidéo, 2006.

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